Les maĂźtres du blues touareg visent dans le mille avec âAmatssouâ
Depuis quatre dĂ©cennies, Ibrahim ag Alhabib et son groupe Tinariwen nous font voyager sur les mĂ©lopĂ©es envoĂ»tantes de lâassouf saharien. AprĂšs plus de six ans, les pionniers du blues touareg sont enfin de retour Ă lâAB. Ils viendront prĂ©senter Amatssou, un nouvel opus qui frappe trĂšs fort, signĂ© chez Wedge.
InvitĂ© par Jack White, Tinariwen Ă©tait censĂ© enregistrer lâalbum dans le studio de lâAmĂ©ricain Ă Nashville. Des musiciens country du cru devaient apporter leur patte Ă lâopus, sous la houlette de Daniel Lanois, producteur multiprimĂ© aux Grammy. CâĂ©tait sans compter la pandĂ©mie, qui tira un trait sur le projet.
Mais lâalternative fut tout aussi stimulante. Les enregistrements eurent finalement lieu Ă Djanet. Cette oasis du dĂ©sert sud-algĂ©rien est nichĂ©e au cĆur du parc national Tassili NâAjjer, un vaste plateau de grĂšs inscrit au patrimoine mondial de lâUNESCO et cĂ©lĂšbre pour son art rupestre vieux de plus de 10 000 ans.
Les musiciens sâattelĂšrent Ă la tĂąche dans un studio improvisĂ©, avec des Ă©quipements empruntĂ©s Ă Imarhan. Et grĂące aux miracles de la technologie, Lanois et les artistes country Fats Kaplin et Wes Corb purent contribuer Ă distance. Le rĂ©sultat est un opus de haut vol, qui chante la dure rĂ©alitĂ© des Tamasheqs du nord du Mali : la junte militaire, la prĂ©sence du groupe Wagner, le dĂ©part des Français de la rĂ©gion et lâemprise croissante des salafistes. Les collaborations avec Lanois et C° font ressortir les affinitĂ©s musicales entre le blues sub-saharien de Tinariwen et lâauthentique roots music amĂ©ricaine.