En mai 2018, nous fêtons le cinquantenaire de la révolte étudiante parisienne qui secoua toute l’Europe. À cette occasion, la ville de Bruxelles a baptisé 2018 « Année de la contestation » et a demandé aux acteurs culturels bruxellois de répondre à la question suivante : « Que reste-t-il, 50 ans après mai 68, de l’esprit de révolte sociale, politique et culturelle ? Quelles formes la contestation prend-elle aujourd’hui ? »
L’AB s’empare volontiers de cette thématique et joue la carte de la musique contestataire, qui trouve (malheureusement) un terreau fertile dans le climat politique et social actuel. « It’s remarkable that - in a year hijacked by Trump’s reckless, witless Twitter belches - artists didn’t dive to meet his level », analyse Pitchfork. Et Consequence Of Sound d’ajouter que « Most of the year’s socially conscious music has been far more personal than political ».
L’AB creuse le sillon du « Sound Of Protest » et fait résonner les voix de la révolte sociale turque, du grime londonien, du mouvement Black Lives Matter et des working class heroes, le tout porté par l’appel à un monde (et une musique) sans frontières.
Impossible d’échapper à l’alliance entre la contestation et le punk, un genre qui se manifesta aux USA dès la seconde moitié des années 60/première moitié des années 70 (MC5, The Velvet Underground, The Stooges, Ramones...), avant d’exploser au Royaume-Uni dans la seconde moitié des années 70 avec, évidemment, The Sex Pistols, The Clash, Crass, etc.
Découvrez PATTI SMITH, the godmother of punk qui, avec son premier opus « Horses » (’75), a écrit l’un des plus grands classiques du genre. L’album « People have The Power » (’88) est, quant à lui, un véritable hymne (de protestation), et ses chansons « Qana » (à propos des frappes israéliennes sur la ville libanaise éponyme) et « Without Chains » (à propos du Turc Murat Kurnaz retenu prisonnier pendant des années à Guantánamo) sont des déclarations politiques à part entière. À l’AB, elle s’offre un hat trick de concerts.
Découvrez PUBLIC IMAGE LTD, alias la « grande gueule » John Lydon. Il est entré dans les annales du punk avec The Sex Pistols, un groupe qui s’attaquait directement à l’establishment et qui fut banni des scènes et des programmes télévisés. Les titres « God Save The Queen » et « Anarchy in the Uk » étaient deux bombes à fragmentation musicales lâchées sur le gouvernement anglais, alors à la tête d’un pays brisé. Au sein de Public Image Ltd – qui fête cette année son 40e anniversaire –, John Lydon continue à composer des chansons politiquement engagées comme « Rise », un hymne contre l’apartheid en Afrique du Sud. Sur scène, PiL sonne comme une grosse boule de rage refoulée.
Découvrez CRASS, le collectif fondé par Steve Ignorant et Penny Rimbaud en 1977, qui est sans conteste le groupe anarcho-punk le plus mythique de tous les temps. Leur musique incarnait la résistance, l’activisme politique et l’action directe. Les chansons de Crass étaient de véritables commentaires politiques, ce qui leur valut plusieurs démêlés (in)volontaires avec les pouvoirs publics. Le groupe fut même l’objet d’une enquête de Scotland Yard suite à la sortie du single hérétique « Asylum ». « How Does It Feel? (to Be the Mother of a Thousand Dead) » et « Sheep Farming in the Falklands » ciblaient quant à eux la guerre des Malouines, une dénonciation qui suscita des questions au Parlement. Crass est également à l’origine des Thatchergate tapes : des cassettes manipulées comprenant une fausse conversation entre Margaret Thatcher et Ronald Reagan, envoyées à la presse et qui donnèrent lieu à des accusations du Sunday Times à l’encontre du KGB.
Découvrez – les revoilà – SLEAFORD MODS. Les deux lads ne sont pas seulement redevables à Crass – cf. leur son brut de fonderie et leur défense de la classe ouvrière –, ils sont aussi des fans de la première heure. Une version punk contemporaine de Crass, en somme.
Et enfin, découvrez le troubadour folk et héros de la classe ouvrière BILLY BRAGG. En ’78, lors d’un concert s’inscrivant dans la campagne « Rock Against Racism » de The Clash, ses héros, Bragg comprend que pop et politique peuvent faire bon ménage. Bragg s’impliquera pendant pratiquement toute sa carrière dans des mouvements politiques. Un engagement qui se reflète aussi dans sa musique : il retravaille à sa sauce des hymnes socialistes célèbres, tels que L’Internationale ou The Red Flag. Des chansons comme « Rumours Of War » (écrite à l’occasion de la guerre du Golfe), « There Is Power in a Union » ou la chanson pacifiste « Island of No Return » sont autant de prises de position avisées.
Bragg à propos de son activisme politique : « I don't mind being labelled a political songwriter. The thing that troubles me is being dismissed as a political songwriter. » À la demande de l’AB, Billy Bragg piochera dans ses albums classiques « Life’s a Riot with Spy vs Spy » (’83), « Brewing up with Billy Bragg » (’84), « Talking with the Taxman about Poetry » (’86) et « Workers Playtime » (’88). Jamais la voix de la contestation n’aura résonné avec autant de pureté et de sincérité.
SLEAFORD MODS + STEVE IGNORANT (CRASS): SLICE OF LIFE + NACHTHEXEN + THE LOWEST FORM + MARK WYNN + STRUCTURE + JOHN PAUL + SUDDEN INFANT + NAIL (DJ) - SAM 07.04.18 – AB Complex – ACHETEZ TICKETS
PUBLIC IMAGE LTD. – VEN 08.06.18 – AB Grande Salle – ACHETEZ TICKETS
BILLY BRAGG PLAYS SONGS FROM 'LIFE'S A RIOT WITH SPY VS SPY' (’83), 'BREWING UP WITH BILLY BRAGG' (’84), 'TALKING WITH THE TAXMAN ABOUT POETRY' (’86) & ‘WORKERS PLAYTIME' (’88) – DIM 17.06.18 – AB Flex – ACHETEZ TICKETS
PATTI SMITH – MAR 13.08.18 & MER 14.08.18 & JE 15.08.18 – AB Grande Salle – ACHETEZ TICKETS