Puis-je dire que Le Guess Who? est à la fois visionnaire et coupable de transgressions musicales outrancières ? Mais par-dessus tout : Le Guess Who?, puis-je vous embrasser ? Car on ne peut que chérir et adorer un festival comme le LGW? à Utrecht. Tout simplement parce que les festivals comme Le Guess Who? ne sont pas très nombreux. Ni aux Pays-Bas. Ni en Belgique. Ni en Europe. Ni même dans le monde entier. Point barre.
LGW? est tout simplement visionnaire. Un festival qui creuse jusqu’à saper les certitudes. Qui met à l’écart les partisans du cloisonnement. Qui ne manque pas de culot. Et qui se rend en plus coupable de transgressions musicales outrancières. LGW? nourrit et élève l’âme sous toutes ses facettes.
Car quel autre festival a le culot d’aligner sur la même affiche du jazz (Pharoah Sanders, Shabaka & The Ancestors, Sun Ra Orkestra) et 12 heures de drone ? Quel autre festival propose de but en blanc de mélanger des chorales féminines bulgares, du black metal, du classique contemporain et de l’avant garde/impro ? Mais ce paragraphe ne sera jamais qu’un piètre hommage à ce festival. Car LGW? est bien plus que la somme de ses composants. C’est un exemple musical à suivre.
En effet, alors que David Byrne vient de sortir le poignant « The Ecstatic Music Of Alice Coltrane » sur son propre label Luaka Bop, LGW? a tout simplement persuadé les Sai Anantam Ashram Singers de vous présenter cette musique en direct. Et si le Thurston Moore Group est déjà à l’affiche du festival, pourquoi n’en profiterait-il pas pour improviser un set avec Han Bennink, le batteur d’ICP ? LGW? programme de la musique non occidentale dans des lieux et des salles bien en vue pour vous obliger à la voir et à y réagir. Et enfin, LGW? joue aussi intentionnellement et pleinement la carte d’une plus grande présence féminine sur scène. Longue vie à Kelly Lee Owens, Weyes Blood, Klein, Sevdaliza, Jane Weaver, et aux DJ féminines derrière les platines.
Nous exagérons ? Probablement pas assez. Venez près de moi, Le Guess Who?, je dois vous poser une question : puis-je vous embrasser ?
LES SEPT MERVEILLES DE LE GUESS WHO?
LE MYSTÈRE DES VOIX BULGARES
Une superbe chorale féminine bulgare qui s’est produite au beau milieu de la cathédrale. Ibeyi et Gorillaz adorent. Nous aussi. Après un moment de gloire (avec un Grammy Award en poche et des albums sur 4AD) dans la seconde moitié des années 80, le monde est à nouveau prêt à les accueillir. On parie ? Bientôt sortira un nouvel album avec Lisa Gerrard et vous aurez l’occasion de vous laisser emporter lors de leur passage à notre festival BRDCST le mercredi 4 avril.
MOUNT EERIE
Une vraie claque dans la figure ! Intense, pur et déchirant. Avec « A Crow Looked Upon Me », son épopée très personnelle sur le décès de sa femme, Phil Elverum s’est élevé dans la même catégorie que Bill Callahan. Toute sa tournée européenne se déroule pour ainsi dire à guichets fermés et cela n’a rien d’étonnant. Le monde entier se demande où il a trouvé le courage.
JAMES HOLDEN & THE ANIMAL SPIRITS
Un feu d’artifice ! Et il est impressionnant de le voir enrichir sa musique électronique palpitante de jazz et de krautrock au fil des années. James Holden incarne le niveau supérieur. Et le fait exploser. Vous pourrez lui succomber lors de notre festival BRDCST le dimanche 8 avril.
SHABAZZ PALACES
Puisqu’on parlait du niveau supérieur : gloire à Shabazz Palaces ! Après trois passages à l’AB, ce ne sont en tout cas plus des inconnus, grâce à leur délicieux rap afro-futuriste, alimenté par le sang de Sun Ra qui coule dans leurs veines.
WEYES BLOOD
Quelle voix ! Weyes Blood était présente à la demande de Perfume Genius, qui a pu programmer sa propre partie de LGW?. Weyes Blood a convaincu par ses belles chansons folk avec un côté brut.
DEDEKIND CUT
Les activités musicales de cet ancien membre de la bande de Joey Bada$$ qui sévit aussi sous le nom de Lee Bannon balancent actuellement sur la frontière entre électronique sombre et vagues de hip-hop.
K Á R Y Y N
Ses racines se trouvent essentiellement en Syrie et Björk est en adoration devant elle depuis son opéra « Of Light ». Son mélange de voix oniriques, d’électronique et d’influences orientales constitue son atout.