Le maestro pakistanais du benju est prêt à enchanter l’AB
Ustad Noor Bakhsh vient des environs de Pasni au Baloutchistan, une région à la frontière entre le Pakistan, l’Afghanistan et l’Iran. Il est un maestro du benju baloutche, une sorte de cithare à clavier, dont il joue depuis son enfance. Si l’homme est depuis longtemps une légende dans sa région, ses vidéos et enregistrements récents (notamment la toute première Boiler Room Session au Pakistan) et son concert à Berlin l’ont propulsé sur le radar international.
Noor Bakhsh joue du benju électrique, dont il amplifie le son par une vieille batterie automobile et un petit ampli Philips, acheté il y a 20 ans sur un marché à Karachi. Marqué par l’héritage de ses maîtres et inspiré par Bilawal Belgium et Misri Khan Jamali, il déploie un jeu virtuose, profondément ancré dans les musiques baloutches, mais qui se nourrit tout autant de traditions étrangères au Baloutchistan. Ainsi, Noor Bakhsh n’hésite pas à puiser dans les ragas sud-asiatiques – un cadre mélodique pour l’improvisation dans la musique classique indienne – qu’il interprète dans un style expérimental.
Son répertoire comprend des airs perses et kurdes, qui devaient bercer son pays bien avant la fixation des frontières iraniennes et pakistanaises actuelles. Il interprète aussi, bien sûr, des mélodies populaires dans toutes les langues importantes du Pakistan. Son répertoire sindhi traduit un sublime dialogue entre les cultures musicales voisines du Sind et du Baloutchistan. Enfin, et sans surprise, Noor Bakhsh reprend également plusieurs chansons de Bollywood.
Son premier opus, Jingul – déjà sorti sous forme numérique – paraîtra en septembre sous l’étiquette britannique Hive Mind Records. Quant aux auditeurs peu versés dans la musique baloutche, le ton et les volutes mélodiques du benju électrique leur rappelleront peut-être la patte d’Ali Farka Touré. La polyrythmie groovy, typique de la musique de cette région, ne laissera personne indifférent.