Une interprétation live unique de deux superbes compositions d’Anthony Pateras, “Palimpsest Geometry” et “There Is A Danger Only Our Mistakes Are New”, sorties cette année sur le label bruxellois Futura Resistenza sous le titre de Two Solos. Le compositeur sera présent à cette soirée, qui sera ouverte par Michiko Ogawa, une artiste japonaise basée à Berlin.

Trompettiste et compositeur originaire de Narrm/Melbourne, Callum G’Froerer explore le potentiel expressif de techniques instrumentales uniques au gré d’improvisations, d’interprétations et de collaborations. En combinant et en activant divers matériaux, l’Australien transforme sa trompette en une interface où tout se rencontre et où tout communique. “Palimpsest Geometry” (2020), composé pour trompette à double pavillon et bande magnétique, part des pulsations rapides de simples notes de trompette s’enchaînant à un tempo très soutenu, pour jouer sur le seuil perceptif entre rythme et tremolo. L’interaction des vibrations plus ou moins rapides produit des échos fugaces, comme si les strates instrumentales ne formaient qu’un seul et unique son rebondissant dans l’espace sonore. En matière de hauteur tonale, le morceau déploie parfois une variante plus retenue de la technique de l’essaim, telle qu’utilisée dans l’œuvre de György Ligeti, où les diverses voix s’éloignent une à une d’une harmonie initiale. Mais là où Ligeti en fait un usage souvent dramatique, la technique se fait ici plus fluide, presque hésitante – un mouvement perpétuel dans l’immobile, telles de petites ondulations à la surface de l’eau.

L’artiste italienne Clara La Licata pratique diverses techniques vocales. Elle a étudié l’opéra, la danse et la musique contemporaine dans des conservatoires et académies en Italie et ailleurs. Dans ses performances vocales, elle mêle tradition et modernité au moyen de langages interdisciplinaires et transversaux. “There Is A Danger Only Our Mistakes Are New” (2021) pour voix et bande magnétique répète, dans un perpétuel va-et-vient, une cellule mélodique de deux notes sans cesse transposée, fredonnée ou chantée à voyelles ouvertes, du demi-ton à la tierce mineure. La pureté tonale de La Licata bascule toujours rapidement dans une vive inquiétude, ce qui n’est pas sans rappeler les “Three Voices” de Feldman, mais l’effet chez Pateras est beaucoup moins austère. La musique est empreinte d’une rêverie voilée, comme si un fragment d’un poème de Mallarmé mis en musique par Ravel était parti à la dérive et s’était diffracté en une myriade de scintillements.

Nous ouvrirons la soirée avec Michiko Ogawa (JP). Elle nous proposera un répertoire classique, ainsi qu’une musique plus contemporaine et expérimentale, faite d’improvisations et de BO de films. Outre son instrument principal, la clarinette, elle joue de l’orgue Hammond et du “sho”, un orgue à bouche japonais composé de tuyaux de bambou. Son palmarès affiche des collaborations avec Samuel Dunscombe, Taku Sugimoto, James Rushford, Carolyn Chen, Golden Fur, Lucy Railton, Klaus Lang, etc.