21 ans après, le retour à l'AB du bruit élevé au rang divin
On vous épargnera les allusions appuyées aux distorsions, au fuzz et autre feedback même si ces icônes du shoegaze le méritent amplement. Disparu de la circulation entre le milieu des années 90 et le milieu des années 2000, en raison notamment de quelques escapades aux côtés de Yo La Tengo, Primal Scream et Dinosaur Jr., il aura donc fallu 22 longues années à My Bloody Valentine pour donner suite au magistral ‘Loveless’. Un disque universellement célébré et considéré comme l'un des meilleurs des années 90. Un vacarme divin, une noise mélodieuse (eh oui, c'est possible !) où viennent se lover les voix feutrées de Kevin Shields et de la toujours ravissante Belinda Butcher…
Donner suite à un chef-d’œuvre à l'origine de nombreux nouveaux courants musicaux comme le post-rock, la dream pop ou même l'émo-rock, reste une entreprise périlleuse. Mais My Bloody Valentine est parvenu à bluffer la planète avec un troisième album, ‘m b v’, qui a tout d'un coup de maître. La massive vague d'intérêt suscitée par la sortie, le samedi 2 février 2013, du nouvel opus du combo irlando-britannique, provoqua le crash de son site web officiel et il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que pleuvent les critiques positives :
“The songs on m b v are more melodically complex, intriguing and often pleasing than anything he has written before.” (The Guardian)
“It sounds amazing, and represents an astounding return.” (BBC Music)
“M b v is a successful return.” (The Wire)
“This, finally, is the stuff people have been waiting a young lifetime to hear.” (The Observer)
“MBV is not really an album at all, but an oeuvre in fast-forward.” (NME)
Même le toujours très critique Pitchfork a gratifié l'album tant attendu d'un impérieux 9,1/10. Avec un son un poil plus plombé et une touche d'expérimentation drum-‘n-bass sur l'un des titres, les shoegazers rentrent de plain-pied dans le 21e siècle tout en restant fidèles à leur marque de fabrique : un chant cotonneux et des strates de guitares distordues.
En 2009, ils s'étaient déchaînés sur la plaine du Pukkelpop avec un set assourdissant mais sublime : « un divin vacarme extirpé d'une guitare » écrivait le Humo et l'hebdomadaire de compléter en disant « c'est le genre de truc pour lequel on le fait » et « les guitares saignaient, hurlaient et grondaient : un bombardement chirurgical. » My Bloody Valentine n'a plus mis les pieds dans une salle belge, depuis des années. Son dernier passage à l'AB remonte à avril 92 ! On doit bien évidemment s'attendre à un concert bruyant mais on sait aussi que ce sera fantastique. Les certitudes rendent parfois la vie tout simplement belle !