Une double affiche remplie de psychédélisme turc et de merveilles éthiopiennes
Feeërieën 2019 : bienvenue dans notre ‘cabinet de curiosités’ musical extérieur
Bienvenue à la 16e édition (déjà !) de notre festival féérique outdoor des Feeërieën ! Nous sommes fiers de vous ouvrir une nouvelle fois les portes de notre cabinet de curiosités musical. Venez découvrir à quel point il bruisse et bourgeonne, émeut et étonne, connecte et décloisonne. Quel festival vous propose, sur une même affiche, du footwork hyperactif de Chicago, du disco-funk survitaminé de Somalie, du psychédélisme turc, une voix de soprano à couper le souffle, une artiste éthiopienne qui vous initie à la « harpe du roi David », un chœur masculin qui rappelle Kurt Weill et de la profonde poésie afro-américaine ? Les Feeërieën !
Soundtrack by: (Turkish) Ladies On Records (DJ set)
Née en Pologne mais établie à Istanbul, Kornelia Binicewicz est une véritable touche-à-tout en musique. Cette curatrice et fervente collectionneuse est aussi une anthropologue passionnée par la musique turque (féminine). On lui doit la compilation « Uzelli Psychedelic Anadolu » (une sélection de titres du label turc Uzelli Kaset), ainsi que l’excellent « Turkish Ladies. Female Singers from Turkey 1974 – 1988 » à l’esthétique sublime. Cet opus est paru sur son propre label Ladies On Records.
Lors de ses DJ sets ultradansants, elle utilise ses vinyles pour envoyer des « grooves hypnotiques et des rythmiques orientales posés sur des orgues et des synthés, des sonorités avant-gardistes des quatre coins du monde mélangées à des arrangements occidentalisés et autres styles branchés des années 60, 70 et 80 ». Bref, de quoi embraser le dancefloor !
Derya Yildirim & Grup Şimşek (TUR-DEU-FRA-GBR)
L’une de nos plus belles expériences à l’AB ? Le concert de l’héroïne et chanteuse contestataire turque Selda Bağcan (71 ans) qui, en 2018, devant un public de 1 000 personnes, rendit soudain le monde meilleur grâce à sa présence et sa voix impressionnante. Mais Derya Yildirim, qui se produisait ce soir-là en première partie, conquit elle aussi notre âme en une fraction de seconde avec sa voix splendide, qui respire tant le désir que la mélancolie. Le merveilleux « Nem Kaldi », qui semble avoir été créé pour être tourné en boucle, offre le plus bel exemple de sa patte musicale.
Au printemps, Derya a enfin sorti (sur l’excellent label suisse Bongo Joe) son premier opus Kar Yağar, qui se traduit par « tombe la neige ». Avec son groupe Grup Şimşek (composé de membres de toute l’Europe), elle sert une pop psyché anatolienne, à la fois hypnotique et délicieusement addictive. Un cocktail de folk turc, grooves, jazz et psychédélisme qui met du baume au cœur.
Outre ses propres compositions, Derya Yildirim interprète aussi quelques pépites d’artistes turcs comme Selda, Barış Manço, Moğollar et le poète Nazım Hikmet. Plus récemment, elle a fait une incursion dans l’univers classique à la faveur d’une collaboration avec l’Ensemble Resonanz à Hambourg. Dans ce cadre, elle a retravaillé des compositions turques, anatoliennes, grecques et kurdes sous le titre Derya’s Songbook. Notre invitation est prête.
Sosena Gebre Eyesus (ETH)
Quelle découverte que cette harpiste éthiopienne ! Merci au festival Rewire (La Haye) de lui avoir offert une scène plus tôt dans l’année, et merci à Little Axe Records d’avoir sorti son premier opus en 2018. Sosena Gebre Eyesus joue du begena, mieux connu comme la « harpe du roi David » : l’un des plus anciens instruments à cordes du monde, joué dans l’antiquité pour chasser les mauvais esprits. Cet instrument, jadis réservé aux aristocrates et aux prêtres, accompagnait les hymnes éthiopiens orthodoxes.
Sosena Gebre Eyesus est l’un des rares artistes contemporains à jouer du begena. Mais elle le fait de manière incomparable ! Sur les doux bourdonnements de sa harpe, elle pose sa voix tendre et apaisante, comme si elle susurrait des berceuses. « Sosena Gebre Eyesus magically creates a rarefied atmosphere that feels absolutely necessary and vital for these most turbulent of days. »