Avec ces chansons qu'il a lui-même écrites en français, Klaas Delrue (Yevgueni) se glisse plus que jamais dans la peau d'un chansonnier. Il enrichit, en outre, son nouveau répertoire de reprises de titres qui l'ont particulièrement inspiré.
Pour ce nouveau projet, il a opté pour le nom de Delrue. L’utilisation de son patronyme à consonance francophone tombait ici sous le sens.
Delrue a passé son enfance et sa jeunesse dans le village frontalier de Rekkem où la langue française fait partie intégrante du paysage. Il en allait de même dans sa famille. Dans les années 20, le grand-père Delrue travaillait comme instituteur à Mouscron et était amoureux de la jeune fille qui servait le repas de midi au Café du Centre. Mariette, une francophone née de parents flamands expatriés, tomba à son tour sous le charme du maître d’école Delrue.
C'est cet amour transfrontalier qui amena le père de Klaas à grandir au son de la radio et de la télé françaises (la réception de la chaîne flamande était d'ailleurs souvent mauvaise). Une génération plus tard, Klaas fut soumis, malgré lui, à une overdose de chanson française. À la maison, la langue de Molière était surtout celle pratiquée par Brassens, Ferré, Brel ou Gainsbourg…
Klaas le vécut tout d’abord comme une sorte d’endoctrinement forcé, mais rapidement de plus en plus de CD et de vinyles disparurent mystérieusement de la discothèque paternelle. C'est surtout Renaud, le rockeur rebelle, qui le maintenait scotché à sa chaîne stéréo et qui, plus encore que My first songbook, U2 ou Gorki, lui donna le goût de la guitare. On décelait déjà cette influence dans la musique et les textes de Yevgueni mais son grand rêve, celui d’écrire et de se produire sur scène en français, prend seulement forme aujourd'hui avec un album solo et un concert à l'AB. L'album a été enregistré sous la houlette du très qualifié Wouter Van Belle (Axelle Red, Gorky, Noordkaap, Kowlier, Yevgueni…).
Sur scène, Delrue rendra un long hommage à ses héros au travers de son nouveau répertoire mais aussi avec une série de covers longuement maturées : de Brassens à Renaud, en passant par Noir Désir, Louise Attaque et d'autres perles plus récentes, tout aussi méconnues que sous-estimées. Delrue utilise son jeu de guitare sobre et ultra efficace - même s'il est encore hésitant - pour accompagner sa voix susurrée et reconnaissable. Delrue raconte avec enthousiasme comment la chanson et les chansons dont il est question ici se sont insinuées dans sa vie, dans l'espoir peut-être de propager la flamme.