Avec HIP-HOP 50, l’AB célèbrera la saison prochaine le 50e anniversaire de l’une des plus passionnantes cultures de l’histoire musicale récente. Le hip-hop n’a pas pris une ride, ne cesse de se réinventer et sert toujours d’exutoire face au mécontentement social.
Avec un programme qui s’étale sur l’ensemble de la saison, l’AB souhaite tisser des liens entre le riche passé, le présent et l’avenir du genre. Elle s’appuie pour ce faire sur les cinq piliers du hip-hop tels que décrits par Afrika Bambaataa – DJ, rappeur et fondateur de l’Universal Zulu Nation : MCing (oral), DJing (aural), breakdance (physical), graffiti (visual), and knowledge (mental).
Le programme provisoire comprend 25 concerts d’artistes nationaux et internationaux, de nombreux ateliers (du breakdance au scratching), une série de podcasts sur les multiples visages du hip-hop, des talks et des projections de film.
Le passé
Nous unirons ainsi nos forces à celles de nos voisins d’en face du cinéma Palace afin de plonger dans l’histoire du hip-hop à travers une série de projections. Avant chaque film ou documentaire, une introduction sera assurée par un intervenant.
Nous explorerons aussi le passé plus près de chez nous, voire carrément entre nos murs. Chaque mois, nous exhumerons de nos archives l’affiche d’un concert de hip-hop iconique. Pensez par exemple aux légendaires performances de Public Enemy, Nas, Lil’ Kim, Dj Shadow, Dream Warriors ou encore des pères spirituels du hip-hop tels que Gil Scott-Heron et Parliament/Funkadelic, entre autres.
Nous serons également très fiers de vous présenter Cymande, un groupe funk londonien des années 70, qui a notamment été une source inépuisable de samples pour De La Soul, les Fugees et Wu-Tang Clan. Nous organiserons aussi une véritable Original Sampling Night lors de laquelle nous jouerons uniquement les versions originales des samples les plus connus des classiques du hip-hop.
Le rappeur, producteur et acteur belgo-congolais Pitcho interprètera enfin l’intégralité de son premier album, Regarde Comment!, un disque sorti il y a 20 ans et qui a eu une énorme influence sur la scène hip-hop bruxelloise. Vous l’avez peut-être aussi vu dans Malcolm X, une représentation du collectif de théâtre Jr.cE.sA.r.
Le présent
Let’s face it : les Pays-Bas ont commencé à néerlandiser le hip-hop bien avant nous. Osdorp Posse – le premier groupe de hip-hop néerlandophone – a vu le jour dès 1989, alors que ’t Hof Van Commerce n’a été créé qu’en 1997. Une raison de plus de célébrer nos voisins du Nord. Nous accueillerons De Jeugd van Tegenwoordig pour leur premier concert sold-out à l’AB. The Opposites, qui se sont récemment produits à Rock Werchter, nous rendront aussi visite.
Brihang défendra avec brio les couleurs belges lors de trois concerts déjà complets. Ce sera l’occasion de nous présenter son tout nouvel album. La scène bruxelloise francophone sera quant à elle représentée par le rappeur Peet, qui présentera son dernier album Todo Bien, Romeo Elvis et Baloji, l’excellent rappeur belge d’origine congolaise qui a récemment présenté AUGURE : un triptyque composé d’un concert, d’un film et d’une expo de mode.
Durant l’AB x KU Leuven Talk : Is hip-hop still a force for social change ?, nous tenterons de répondre à la question suivante : l’activisme social et politique du genre est-il menacé par sa commercialisation ?
L’avenir
Le coup d’envoi de HIP-HOP 50 a été donné par Flammes : la célébration d’une nouvelle génération de talents du hip-hop. Lors du dimanche sans voiture, nous avons transformé le boulevard Anspach en block party gratuite. Concocté par la curatrice Emeraude Kabeya, le line-up allait du boom trap old school au trap, en passant par la drill et le rap lyrique. Au programme : Joycie Ruba, Beka, SPACEBABYMADCHA, Stripes et Melissa Farah, entre autres.
N’oublions pas non plus les artistes qui semblent remettre au gout du jour le Black Arts Movement afro-américain des années 60-70. Nous voulons bien sûr parler de Moor Mother (Camae Ayewa), Aja Monet et Angel Bat Dawid. Cette dernière doit beaucoup à Sun Ra, mais d’après Pitchfork, Requiem For Jazz, son dernier album, « borrows from spirituals, the blues and rap ». Sur son album salué par la critique « when the poems do what they do », Aja Monet mêle jazz et poésie avec une touche urgente de hip-hop. Le son de l’activiste Moor Mother et de son collectif de free jazz Irreversible Entanglements évoque clairement le New York Art Quartet, qui a jadis collaboré avec Amira Baraka, ex-membre du Black Arts Movement.
Le hip-hop continuera de se réinventer à l’avenir. Le genre flirte de plus en plus souvent avec le punk, le rock psychédélique et le jazz. Questlove (The Roots) a qualifié Let’s Start Here de Lil Yachty de « departure album », ajoutant : « when musicians pull a COMPLETE creative left turn ». Le rappeur de 25 ans a en effet étonnamment troqué son mumble rap contre du rock psychédélique. Sur l’album de sa percée, NEGRO, le rappeur Pink Siifuu flirtait avec le punk. Sous le surnom de B. Cool-Aid, il est revenu à ses premières amours : la néo-soul et le jazz. Et le batteur Kassa Overall donne libre cours à sa passion pour le jazz. Bob Vylan – le phénomène du moment sur la scène underground londonienne – combine grime crasseux et hardcore punk.
De Jeugd Van Tegenwoordig embarquera aussi la jeune génération de rappeurs de Burning Fik, le label de Faberyayo et Abel. D’après la chaîne néerlandaise VPRO : « avec un son inventif et un humour d’adolescent, le label fait souffler un vent de fraîcheur sur la scène hip-hop néerlandaise. » Zeevlinder, Nelcon, Gotu Jim, Kleine Crack et DJ Jan Koster seront de la partie.
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