«La beautĂ© est subjective et chaque endroit a son charme, je trouve. Ăa dĂ©pend aussi de votre point de vue et de votre Ă©tat dâesprit du moment.»
Avec Faces of AB, nous allons Ă la rencontre dâun habituĂ© ou une habituĂ©e de lâAB. Ensemble, nous Ă©voquons Bruxelles, cette drĂŽle dâĂ©poque que nous vivons, et lâAB. Pour cette Ă©dition, nous avons donnĂ© rendez-vous Ă Â Rami Hara.
« Je mâappelle Rami Hara, jâai 26 ans. Je suis photographe, jâhabite Ă Bruxelles et jâai des racines somaliennes. Les photos que je prĂ©fĂšre sont celles qui racontent une histoire. Lâhumain est un ĂȘtre visuel, et câest pourquoi jâessaie toujours de crĂ©er un ensemble esthĂ©tique cohĂ©rent, afin dâattirer lâattention sur des rĂ©cits importants. On peut dire que mon travail est un mĂ©lange de photographie Ă©ditoriale et documentaire. Pour le Black History Month Ă lâAB, jâai pris des photos pendant les concerts et rĂ©alisĂ© les portraits de tous les artistes et intervenants.
Jâai toujours Ă©tĂ© intĂ©ressĂ©e par la photographie de concerts. Câest pourquoi jâai contactĂ© lâAB par e-mail et, au printemps 2020, jâai Ă©tĂ© choisie pour faire partie de lâĂ©quipe de photographes externes qui assistent la photographe attitrĂ©e. Jâavais trĂšs envie de suivre Michelle Geerardyn, non seulement pour apprendre dâelle mais aussi parce que les coulisses de lâAB sont un peu labyrinthiques.
Une fois, jâai failli mâembrouiller avec un agent de sĂ©curitĂ© pendant le concert de Schoolboy Q. Je ne me repĂ©rais pas encore trĂšs bien en coulisse. Je cherchais lâhomme qui avait mis mes affaires dans un casier Ă mon arrivĂ©e, parce que je voulais dĂ©jĂ traiter les photos sur mon ordinateur portable. Un autre agent de sĂ©curitĂ© pensait que jâĂ©tais une sorte de groupie et que je cherchais Schoolboy Q, mais le malentendu a vite Ă©tĂ© dissipĂ©.
En mars, la photographie de concerts a bien sĂ»r Ă©tĂ© mise en veilleuse ; mais heureusement, jâai Ă©tĂ© rappelĂ©e un an plus tard pour le Black History Month Ă lâAB. TrĂšs honnĂȘtement, je ne pensais pas que je serais aussi invitĂ©e comme artiste, câĂ©tait une expĂ©rience trĂšs sympa ! JâĂ©tais complĂštement libre de faire ce que je voulais des images, et je me suis vraiment amusĂ©e avec elles.
Je voulais expĂ©rimenter avec les retouches, de façon Ă crĂ©er des albums de concert vraiment uniques. Je me suis donc inspirĂ©e des spectacles des artistes. Le set dâESINAM, par exemple, Ă©tait trĂšs Ă©clectique et multi-instrumentiste. Sunday Rose Ă©tait plus dans la douceur et lâĂ©lĂ©gance ; ces ambiances, jâai voulu les traduire dans mes photos.
Ce qui me manque surtout depuis le coronavirus, câest simplement de me balader en ville et de mâasseoir dans des bars pour y travailler, ou de faire les marchĂ©s aux puces Ă la recherche de vieux objectifs. Les voyages aussi me manquent terriblement, je construis mes souvenirs Ă travers la photographie. Il mâarrive de regarder une photo dâun voyage dâil y a plusieurs annĂ©es, et de revivre les Ă©motions que jâai ressenties Ă lâĂ©poque.
MalgrĂ© le fait que jâhabite depuis quelque temps Ă Bruxelles et que je me sens bien ici, je ne me sens pas encore bruxelloise, surtout parce que mon français nâest pas encore au top. De plus, je ne connais pas encore trĂšs bien la ville, je prends le temps de tout dĂ©couvrir tranquillement. Je pars en vadrouille avec mon appareil analogique et jâexplore les beaux et moins beaux cĂŽtĂ©s de Bruxelles. La beautĂ© est subjective et chaque endroit a son charme, je trouve. Ăa dĂ©pend aussi de votre point de vue et de votre Ă©tat dâesprit du moment. Les mauvais jours, tout semblera beaucoup plus moche, mais avec un peu de positivitĂ©, on distingue aussi les beaux cĂŽtĂ©s. »
Interview par Lara Decrae
Photos: Lien Peters