Dans Faces of AB, nous allons à la rencontre d’un habitué ou une habituée de l’AB. Ensemble, nous évoquons Bruxelles, cette drôle d’époque que nous vivons, et notre salle emblématique. Pour cette édition, nous avons donné rendez-vous à nulle autre qu’Anysa Grammenoudis !
"Je travaille depuis 5 ans au service Ticketing et Communication de l’AB, mais j’étais déjà une grande habituée des salles de concert avant. J’ai dû voir mon premier concert quand j’avais 12 ans, c’étaient les Destiny’s Child. En revanche, j’ai attendu d’avoir 25 ans avant de me mettre à composer, tellement j’étais anxieuse. Mais la crise du quart de vie est passée par là, et je me suis dit : je rêve depuis toujours de devenir une chanteuse de R&B comme Alicia Keys, Aaliyah, Ashanti, Amy, Aretha… après tout, Anysa prolonge parfaitement la liste (rit). Et voilà, j’ai sorti mon EP dans l’intervalle.
C’est une création qui m’a pris 4 ans de travail. Il m’a vraiment fallu beaucoup de temps. J’admire les autres artistes pour qui tout semble aller si vite, chez moi ça ne fonctionne pas comme ça. En plus, faire de la musique coûte aussi de l’argent, surtout quand on est seul, sans groupe. Il faut payer les producteurs et les musiciens, l’artwork, les séances photos… ça s’additionne vite. En fait, ça coûte un bras, et c’est ce qui a ralenti le processus. Pour moi, la seule façon d’y arriver a été de rembourser un montant tous les mois – j’ai tout financé moi-même. Puis, on sent bien que tout revit peu à peu, les concerts reprennent et la musique revient sur le devant de la scène. On ne peut pas couver ses projets éternellement. Cela dit, j’ai l’impression qu’un tas de gens ont été déprimés pendant le COVID, j’en ai moi-même beaucoup souffert. Ta vie entière est mise entre parenthèses. Alors que moi, j’avais l’habitude de chercher des stimuli partout, tout le temps. Quand tout ça a disparu, je me suis vraiment complètement éteinte. Depuis quelques mois, je sens que l’envie revient.
Le titre de mon album, “Gosh.”, vient de “Oh my God”, mais transformé en “Oh My Gosh” parce que ça fait un poil plus princesse. “Gosh” est un mot dans lequel tu peux exprimer toute ta frustration avec une pointe de théâtralité très ado. Ma famille et mes amis trouvent que j’ai un côté dramatique. Moi, je me trouve sensible, mais j’ajoute volontiers un peu de drame “pour la comédie”.
La prochaine étape est de m’atteler à un nouvel EP. Je n’ai pas du tout l’ambition de devenir une grande star. Je ne suis pas particulièrement fan non plus de la scène, ça me rend nerveuse, j’en éprouve un stress terrible. Mais il me reste quelques morceaux que j’aimerais enregistrer, et si les gens trouvent ça sympa, ça me fait énormément plaisir. Je ne le fais pas vraiment pour le monde. J’aime façonner et pétrir la musique, c’est tout. Mais les moments avant, pendant et après un concert sont toujours atroces. J’ai déjà donné quelques concerts, et je pensais que ça passerait avec le temps, mais ça n’a jamais disparu.
Aujourd’hui, ça fait tellement longtemps, à cause de la pandémie, que je vais devoir me motiver à fond avant de monter sur scène, à coup de “don’t stress” ! Je pourrais vraiment vomir avant un concert. Et après, je passe toutes mes erreurs en revue. Je suis peut-être trop perfectionniste. Mais à l’AB, je vois passer tant d’artistes, ça n’aide pas vraiment. Ici, on ne voit que le dessus du panier, tout le monde à l’air si professionnel (rit). Je préférerais être célèbre mais incognito, les gens aimeraient mes chansons sans avoir jamais vu mon visage. En fait, je fais la même chose avec les artistes.